Carnet de Bord: Année 2004


Fortunes de mer...

  • 12 août 2004: Hamsa aux enchères sur Ebay!
    Dans l'urgence de vendre le bateau en raison d'impératifs faimiliaux, je l'ai mis (à contre-coeur) aux enchères sur Ebay (cliquez pour voir la page), prix de départ: 20.000 euros (mais avec un prix de réserve minimum à atteindre)! Je vais ramener le voilier à la marina d'uturoa où j'ai réservé une place ce matin. Bien placée, en bout de jetée, le cockpit tourné vers Tahaa. Une place en or! C'est là que je ferai mes adieux au bateau, cette même marina où j'ai tant attendu mon hélice. Si la vente traîne, je laisserai le bateau au broker de Tahiti au prix de 4 Millions CFP. Je ne préfère pas trop réflechir à tout ce que je perd en vendant le bateau, parfois il faut être un samouraï du mental et trancher net avec certaines pensées. Tant mieux si ce concours de circonstances permet à quelqu'un de pas trés fortuné d'acquérir Hamsa et de le retaper pour partir. Il n'y a pas de vices cachés, et une expertise est toujours possible si celle de 1999 ne suffit pas. J'ai eu ma fille Lilou au téléphone, et je lui manque énormément, tout comme elle me manque, ça devient malsain pour nous deux d'être séparé depuis si longtemps, aussi je ne regarde pas à la perte matérielle. C'est comme ça, c'est la vie. Je pense acheter un camping car selon les conseils de notre spécialiste Olivier cité ci-dessous et reprendre mon travail de vente sur les foires et salons spécialisé en parallèle des cours de yoga à domicile dans le sud. Dimanche un couple croisé sur le motou nous a ramené car le moteur était noyé. C'était Raoul rencontré à notre arrivée en 2001.
    Il m'a dit:
    "-alors, il est où ton bateau?
    -Bhen là! à côté: au mouillage!
    - Ah, c'est ton bateau le voilier jaune? On l'avait pas reconnu et justement en passant à côté tout à l'heure on l'a trouvé vachement beau!"
    Ils avaient connu le bateau avant le chantier quand on était allé à Bora ensemble et qu'on avait eu un "black out" (voir carnet 2001) avec les batteries. Leur compliment m'a fait plaisir tout en me fouttant les boules de ne pas comme eux mettre le cap vers la Nouvelle-Zélande. Quand je les ai connu ils avaient un petit voilier en acier de 10 mètres où ils vivaient à quatre avec leur deux enfants dont un tout jeune. Depuis ils sont allé bosser à Tahiti, lui de l'electricité de bord, elle des cours de français dans un lycée, et ils ont vendu leur voilier pour racheter un Diam 40 en alu actuellement en carénage. Quelque part je les envie d'être tous deux solidaires, décidés et suffisament déterminés pour mener à bien leur vie de voyageur. Que Dieu les bénisse dans leur traversée.
    "Découvrez ce que vous aimeriez faire et faites tout votre possible pour y parvenir."
    [ Richard Bach ] Extrait de la préface de Jonathan Livingstone le goéland

    Ne mangez pas les animaux, choisissez des Vege-burgers!

  • 23 août 2004: Départ annoncé!
    J'ai acheté mon billet retour pour la métropole pour le 18 septembre. Le bateau n'est toujours pas vendu, je crois que la "marièe était trop belle " comme on dit. A ce prix là, c'était vraiment bradé. Et puis c'est un peu délicat d'acheter un bateau comme ça sans le voir. Donc du coup je le met entre les mains du broker local comme prévu.

  • 28 août 2004: Grande braderie!
    J'ai vendu le Zodiac et son moteur. Suite à un accord, Alain MAUGIER un dieseliste local de Raiatéa s'est engagé à faire la réparation du joint de culasse. J'ai échangé la main d'oeuvre contre le pilote avec verrin hydrolique Robertson avec la centrale electronique AP 303 que j'avais ramené de France en 2001. Il n'y a qu'à fournir le joint de culasse. Il faudra aussi changer le démarreur car il m'a dit que les inducteurs étaient morts en font court-jus. Il n'y a plus de place à la Marina de Raiatea donc mardi je ramène Hamsa à la Marina de Vaiare à Mooréa pour y passer mes deux dernières semaines en Polynésie. Les élèves m'y attendent pour leur cours de yoga à domicile avant de m'envoller le 18 septembre.

  • 3 septembre 2004: hivernage à Mooréa.
    La traversée s'est bien passée, Fred m'a accompagné. J'apréhendais à cause du moteur, mais il a tenu bon. Je ne m'en suis servi que pour le lagon et les passes, tout le reste à la voile avec le foc à endrailler sur l'étai larguable et la Gv. Evidemment le moteur fume et montre de plus en plus de signe de faiblesse, on a eu un peu peur qu'il nous lâche à l'entrée de la passe de Vaiare car il était en baisse de régime, mais il a tenu et on a pu aponter sans problèmes particuliers à notre emplacement habituel, place n° 58. En arrivant j'ai trouvé des preneurs pour mes bricoles: Tv, perceuse, jumelles, et même le radar qui de toutes façons était vieux et consommait trop d'ampères (utilisable qu'avec le moteur en route).

  • 18 septembre 2004: retour en métropole.
    Depuis mon arrivée à Moorea, il s'en est passé des choses...d'abord le 9 septembre, date fatidique entres toutes, des examens me révèlent un cancer de l'amygdale gauche. Mon retour en métropole n'est donc plus une option mais une obligation. Le toubib m'a annoncé ça avec le sourrire comme s'il s'agissait d'une grosse grippe en me garantissant que c'était le plus bénin des cancers, celui qui a le meilleur taux de rémission. N'empêche....c'est un cancer. J'ai eu des sueurs froides, je me suis allongé. En sortant du cabinet je me sentais étranger à toute l'agitation du monde qui m'entourait. J'ai réalisé que le monde continuerai sans moi, que je ne suis ni irremplaçable, ni indispensable, une fourmis parmis d'autres fourmis dans la débacle de la vie. J'avais eu l'intuition de ce diagnostic car en début d'année j'ai trés mal vécu le départ de ma petite fille. En fait j'ai traversé une dépression. Je n'avais plus goût à rien, et j'arrivais plus à bosser sur le bateau, c'est caractéristique! Au mois d'août, ce qui était apparu comme un gros aphte au fond de la gorge prés de la luette le mois d'avant s'est perforé pour révéler progressivement la lésion de la loge amygdalienne. Il faut traiter rapidement, ne pas laisser dégénérer. Je suis un peu vaseu, les problèmes matériels du bateau m'apparaissent du coup trés secondaires. Néanmoins en faisant du stop je rencontre Bernard qui s'occupe de la maison de la nature au col des trois cocotier. On sympathise, le bateau l'interesse, le jour même du départ, dix minutes avant le départ de mon ferry pour prendre mon avion à Tahiti on signe un compromis hyper arrangeant, 35.000 euros à crédit sans frais jusqu'en décembre 2006. J'ai visité son site, il peut pas s'envoler avec le bateau. J'ai confiance. Le courtier prend le relais pour les formalités. Je prend l'avion le coeur léger, heureux à l'idée de retrouver bientôt ma petite fille adorée et tous les amis en France.

  • 15 novembre 2004: la guerre est déclarée!
    Je me suis familiarisé avec l'idée que j'avais un cancer. Avant de rencontrer les spécialistes de la méthode allopathique "classique", je fais le tour de mes vielles connaissances, ancien professeur et autres nutritionnistes. En fait je découvre vite que les théories sont variées et parfois contradictoire. Je fais une cure de 45 jours avec un minimum de calories constituées de jus de légumes ou de fruits crus. Quand j'ai quitté Tahiti je faisais 75 Kg, à la fin de la cure je suis à 63 Kg puis je remonte à 68 Kg. J'ai fait 6 jours de jeûne à l'eau puis une douzaine de jours avec une préparation de légumes crus dite "cure de Rodolph Bruess" mais à la fin la présence de radis noir dans la composition m'irritait la gorge alors je suis repassé au jus de fruits, essentiellement de raisin et de poire, les seuls que j'accepte. De loin j'apprend que Flosse est repassé au pouvoir: quelle honte! L'acheteur n'a pas honnoré son premier versement mais je ne m'inquiète pas outre mesure. Il a un retard d'un réglement d'un gros client me dit-il.

  • 20 décembre 2004: début de traitement.
    J'ai repoussé l'échéance espérant une amélioration, mais dans l'incapacité de jeûner, un ganglion s'est développé (adhénopathie) au niveau du côté gauche de la gorge, c'est inflammatoire et irradie jusque dans l'oreille, je suis obligé de passer par un traitement classique car la saison froide m'empêche de jeûner et je suis déjà bien affaibli par ma cure. J'accepte donc de suivre un traitement par radio-thérapie sur Avignon où j'ai trouvé un petit appartement bien mignon au calme. Là encore, destinée? Le propriétaire est aussi végétarien et a eu un cancer il y a plusieurs années. J'ai vu Lilou 10 jours en septembre et elle revient passer 15 jours à Noël: c'est ma meilleure thérapie!

  • 26 décembre 2004: de la neige à Noël, le pied!

    Après deux Noëls passés sous les tropiques, même avec la perspective d'un long voyage avec le van d'un ami pour ramener ma fille en Bretagne, nous sommes ravis de retrouver un beau manteau blanc au lendemain de Noël. C'est comme si le ciel en accordant son Pardon pour nos fautes passées nous recouvrait d'un voile de pureté et d'innocence. Blanchis! Les enfants, Lilou et son frère ainé Gabriel font des boules de neige. Moi, éternel spectateur, je contemple les choses simples de la vie comme en sursit. Chaque instant est un cadeau, un bonus. Je savoure chaque seconde avec ceux que j'aime et qui m'ont tant manqué. Mais je sais aussi que tout cela est illusoire.
    Je sais que tout a un sens, surtout une maladie comme celle là, et qu'il me faut decrypter le message pour résoudre le conflit intérieur qui est à l'origine de tout cela. Avant de développer ce sujet, je tiens à rappeler la situation actuelle dans la lutte contre le cancer. Trois types de thérapies sont pratiquées :
    1.. La chirurgie : technique invasive par excellence, qui peut être mutilante suivant l'organe atteint ; et qui peut se révéler impossible à utiliser ; c'est pourquoi, dès 1896, on a utilisé....
    2.. ... les rayonnements ionisants, X d'abord, puis éventuellement G. Mais que faire devant des tumeurs inopérables et radiorésistantes ? Les recherches de médicaments anticancéreux ne donnant rien, des médecins américains ont mis au point en 1942 une troisième thérapie dont ils ont caché la nature véritable en l'intitulant :
    3.. La chimiothérapie : l'idée de base est la suivante : chercher et trouver un poison qui soit un peu plus "poison" pour les cellules cancéreuses que pour les cellules saines. Il faut retenir de cette troisième méthode que c'est une thérapie par défaut : devant les échecs pour trouver un véritable médicament anticancéreux, on se résigne à empoisonner le patient. En toute logique, une telle pratique doit disparaître le jour où l'on découvrira de vrais médicaments anticancéreux sans effets secondaires.
    (extrait du site arsitra)
    J'essaie donc de choisir le moindre mal. La chiomiothérapeute par chance est "ouverte" aux alternatives, elle ne m'impose donc pas un traitement lourd mais simplement d'appoint et optionnel en fonction des réactions de mon organisme.