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 Article extrait de " Voiles Magazine " n°34 d’octobre 1998
Texte : Jean-Michel Barrault


Au sommaire:

Jouir de l'instant présent
De l'expérience préalable...
Variété des équipages
Choisir le bon moment
Formules de tours du monde
Naviguez moderne !
Tempêtes et pirates
Quel budget prévoir ?


Introduction

(Nous vous rapellons qu'il s'agit du texte d'un article et que ce récit ne s'applique pas aux auteurs du site, nous mettons nos commentaires personnels entre parenthèses)

    Pourquoi partir ? Mais pourquoi rester ? Ici, s'énerver dans les embouteillages, subir le bruit, la pollution, les tracasseries en tous genres, avec le sentiment de toujours courir ; là-bas, le silence de la mer, le temps retrouvé, la beauté des paysages, l'accueil souriant des indigènes. Ici, que l'on navigue en Bretagne ou en Méditerranée, l'encombrement des mouillages et des marinas qui tendent à insuffler au plaisancier une mentalité d'automobiliste exacerbé par la recherche d'une place de parking ; là-bas, les baies où l'on est seul, ou que l'on partage avec quelques voisins qui deviennent des amis. Ici, en Manche, trop souvent le froid, le crachin, le mauvais temps, la brume ; là-bas, la chaleur des tropiques, la caresse de l'alizé.

Jouir de l'instant présent

    II existe dix bonnes raisons de rester : les habitudes, la routine, les affections dont on ne veut pas briser ou distendre les liens, la profession et ses légitimes ambitions, des craintes, justifiées ou non, qu'il faut vaincre, les contraintes qu'il est nécessaires de surmonter, y compris celle de l'argent. Mais face à ces bonnes raisons qui ne sont parfois que des prétextes, que de séductions s'offrent à qui aime la mer, la voile, les grands espaces, pour qui est avide de découvrir les splendeurs de l'univers, de tracer son sillage dans celui des plus célèbres devanciers, de vivre lui-même parmi ces images magiques qui nous ont tous fait rêver, de connaître la réalité qui se cache derrière ces mots que nous avons lus et relus : Grenade, Tobago Cayes, SanBlas, Marquises, Tuamotu, Bora-Bora, découvrir ces mouillages merveilleux que les initiés se confient comme des secrets... Une traversée d'océan est un inoubliable accomplissement. Sur la longue houle, l'alizé pousse le navire bercé dans un souple balancement. Dans un vent portant régulier, les manoeuvres sont rares, le pilote automatique effectue l'essentiel du travail. L'équipage n'a guère d'autre activité que de jouir de l'instant présent, se dorer sous le soleil, admirer les ciels étoilés et en identifier les constellations, s'étonner au vol des exocets, crier sa joie lorsqu'un poisson se débat au bout de la ligne, remonter une coryphène, laisser passer les jours, loin des tracas du quotidien... Vivre, tout simplement vivre.

    Tant pis pour ceux qui aiment jouer les héros : réussir un tour du monde aujourd'hui par la route classique des alizés ne constitue pas un exploit, seulement une belle aventure. Sans doute faut-il avoir, surtout avant le départ, mis toutes les chances de son côté : choix du bateau, sélection de l'équipage, un minimum d'expérience et de moyens financiers, le respect des saisons favorables. Ici, et tout au long de ce numéro, voile Magazine apporte les réponses à l'essentiel des questions que vous pouvez vous poser en fonction de cette réalité : au moment du départ, les quatre cinquièmes des éléments qui concourent à la réussite d'une longue croisière sont déjà réunis.

De l'expérience préalable...

    Dans les années qui ont suivi Mai 68, et dans le sillage de Moitessier, nombre d'équipages se sont construits des bateaux en acier ou en ferrociment et se sont lancés sur les mers pratiquement sans expérience, dans l'illusion de conquérir une existence d'oisiveté et de liberté. Il y eut quelques réussites et beaucoup d'échecs.(Note de l'éditeur du site: nous avons rencontré Véronique sur Tamatha, la dernière compagne de Moitessier. Tamatha est vraiment un bateau "rustique" dans le dépouillement le plus strict du terme. Voir les article de voiles et voilier de l'an dernier qui ont consacré quelques pages au phénomène. L'acier est robuste, mais demande de la rigeur et de l'entretien. Pour nous il constitue le bon choix du débutant, pour être sûr de pas avoir trop de casse s'il tape un quai, un récif, une baleine en pleine mer, ça arrive...ou touche une patate dans un lagon ou si son mouillage dérape, aux marquises ça peut faire mal par exemple...Mais un navigateur confirmé choisira un bateau à la fois robuste et léger, d'où l'intérêt des nouveaux matériaux. Moralité: Moitessier n'est pas à prendre au pied de la lettre).

    Avant d'envisager de larguer les amarres, la sagesse commande de posséder un bagage minimal de connaissances puisées dans les livres et mieux encore dans la pratique, pour éviter les grosses erreurs et surtout pour savoir si l'on acceptera d'habiter sur un bateau pendant de longues périodes et si l'on s'adaptera à un mode de vie qui combine à la fois l'action et la contemplation. Une longue croisière possède ses exigences. C'est un mode de vie qu'il faut accepter, dans un espace nécessairement réduit. Ceux qui s'interrogent peuvent fréquenter une école de croisière, ou solliciter un embarquement auprès d'amis possédant un voilier, précaution indispensable avant de faire le grand saut. Actuellement, la plupart des équipages rencontrés autour du monde sont des navigateurs qui, avant de partir, possédaient déjà une solide expérience. Beaucoup sont des plaisanciers très avertis : ils naviguent en croisière depuis longtemps et, à l'âge d'une retraite plus ou moins anticipée, ils réalisent dans le bonheur un vieux rêve d' Antilles, de tropiques, de tour du monde. Quant au bateau lui-même, des tours du monde ont été réussis sur toutes sortes de bateaux, certains d'une dimension fort réduite. (Note: Nous venons d'acceuillir à Tahiti un russe qui a tout quitté à bord d'un voilier de 3m70 construit sur son balcon avec lequel il a fait un demi-tour du monde!)          Aujourd'hui, il existe sur le marché, construits en série, des voiliers robustes, rapides. Nombre d'entre eux sont bien adaptés à la grande croisière, parfois au prix de quelques aménagements. (N.E.D.S: nous leur préférons les vielles constructions, beaucoup plus robustes que les "tuperware" en plastique de série qui n'ont pas moins de tracas que les voiliers d'occasion sinon plus. Certains sont des valeurs sûres comme les Sun Fizz, Gin Fizz et autres Mélody, d'où leur côte élevée au marché de l'occasion. L'avantage du voilier qu'on retappe, c'est qu'on le connaît à fond avant de prendre le large, ce qui n'est pas forcément le cas des bateaux de série. Nous avons de nombreux témoignages de marins désabusés ici à la marina, tour-du-mondistes qui en reviennent du "bateau de série" où il était impossible de localiser tel relai qui a lâché, sans notice, ou bien le démontage pour accéder à une piece defectueuse bien cachée demandait purement et simplement la mise au sec du bateau. Nous avons eu un voisin prestigieux dont nous tairons la marque: il en était à son 4 eme pilote automatique et au changement complet du tube et de la monture du safran: un bateau neuf de trois vallant des millions et à l'architecte renommé mondialement. Notre conseil: éviter les coques des bateaux en polyester de 5 mm qui ne résisteront pas au premier choc contre une patate ou un reef. Il y a quelques mois, un bateau de charter s'est échoué sur le reef: tout le fond arraché, 600.000 FF de travaux avec une quille en plomb neuve! Evitez les étiquettes, choisissez un bateau avec le coeur, un bateau qui a de la personalité, si possible à finir pour établir des liens intimes avec le bateau et le connaître: en mer cela pourra vous sauver! Nous avons opté pour un Perry 43 de 1983 avec une coque exeptionnelle qui a résisté de façon spectaculaire à son échouage sur le reef de Huahiné. Le bateau sur le lift avec 4 tonnes d'eau de mer dans le vendre n'a pas montré la moindre déformation structurelle! Donc dans le choix du bateau, la priorité est à donner à la coque, puis l'étanchéité du pont et la qualité du gréement. L'intérieur est modulable et transformable à souhait avec le temps, le reste lui ne changera pas.) Parmi les caractéristiques qui nous paraissent primordiales figure la priorité accordée aux volumes de rangement : stockage des cirés, du matériel, de l'outillage, des vivres avec leur aération pour les vivres frais, plutôt qu'une abondance de cabines et de couchettes inutiles. J'aime qu'un bateau soit bien conçu pour la vie en mer : possibilité de trouver toujours où se tenir pour se déplacer à l'intérieur (trop d'exemples de côtes cassées dans un carré trop large), bonnes couchettes de mer avec leur antiroulis (et non pas ces carrés avec banquettes arrondies, inutilisables comme couchettes), cuisine pratique avec possibilité de se caler et réel antiroulis sur le réchaud, accessibilité au moteur, au presse-étoupe, aux drosses de gouvernail dans le cas d'une barre à roue. Les gréements et les plans de pont sont désormais conçus pour rendre les manœuvres plus sûres et plus aisées avec les énormes progrès réalisés par l'accastillage, avec focs à rouleau, puissants winches self-tailing et, pour les plus grandes unités, guindeau et winches électriques, propulseur d'étrave et autres facilités.

Variété des équipages

    Lorsque l'on définit son voilier idéal, il faut aussi imaginer quel sera son équipage. Les Anglais professent un adage : " Si vous voulez un bon équipier, épousez-en un. " De fait, la plupart des voiliers rencontrés en grande croisière sont menés par des couples, rarement par des équipages plus nombreux. Il est moins fréquent que l'équipage soit constitué uniquement par des hommes, ou alors il s'agit de vieux copains qui font venir leurs épouses aux escales. Il existe aussi des exceptions. Il faut citer également les voiliers, tels que Pen Duick VI, qui effectuent chaque année la traversée de l' Atlantique en embarquant des équipiers en école, ce qui peut constituer une bonne préparation à sa propre navigation hauturière. Il est fréquent que les couples de retraités effectuent les traversées seuls et fassent venir aux escales enfants et petits-enfants, ou soient rejoints par des amis.

    Les ménages plus jeunes sont souvent accompagnés par un ou plusieurs enfants. Cela pose alors des problèmes spécifiques, dont le plus important réside dans la faculté des parents à maintenir à bord une ambiance de sérénité, de bonheur, qui signifie qu'ils sont eux-mêmes heureux en mer. Je citerai deux cas extrêmes. L'un est celui d'un voilier belge côtoyé à Papeete. De toute évidence, les parents étaient craintifs, sujets au mal de mer, prolongeaient les escales car leurs traversées étaient proches du cauchemar. Les deux enfants, dans ce port magnifique, sous le soleil tropical, restaient à faire des découpages dans le poste avant. Pâles comme des endives, iLs n'avaient pris ni un centimètre ni un gramme depuis le départ. Ils s'ennuyaient de leur école, des copains, de leurs grands-parents. Le bateau a été vendu à Tahiti, parents et enfants sont rentrés par avion, ce qui ne les a pas empêchés de monter ensuite une tournée de projections de leur film et de clamer leur bonheur sur la mer. L'autre exemple est celui d'Hervé, Michèle et de leurs trois filles, rencontrés aux Samoa, puis revus à Wallis. Cet équipage respire l'harmonie, les parents ont le talent de multiplier aux escales les visites qui éveillent l'intérêt des enfants, l'enseignement par correspondance est suivi sans difficulté. A Nouméa, Hervé, technicien de la télévision, a été embauché par RFO, Michèle comme comptable dans une entreprise, les enfants sont inscrits à l'école tandis que se regarnit la caisse du bord avant les étapes suivantes. Peut-être vous demandez-vous comment s'établit, à propos d'étapes, un programme de navigation ? Il n'existe pas de vents favorables pour qui ignore où il veut aller.

Choisir le bon moment

Depuis la première circumnavigation de Magellan, toutes les routes et les bonnes périodes sont désormais bien connues. Si, comme il est probable, le départ a lieu de France, il demeure prudent d'éviter les mauvais temps qui risquent de sévir en octobre ou novembre sur le golfe de Gascogne ou le golfe du Lion. Une bonne solution est de traverser ces régions avant la fin de l'été, quitte à s'attarder au sud du Portugal, à Madère, aux Canaries. La traversée de l'Atlantique qui exige une vingtaine de jours entre les Canaries et les Antilles commence le plus souvent en novembre. Ceux qui veulent raccourcir la route effectuent le détour par les îles du Cap-Vert.

    Il est indispensable de dresser un programme pour avoir réuni les documents nécessaires : cartes, livres des feux, instructions nautiques, guides. C'est au demeurant un plaisir de rêver en les consultant avant le départ. Les périodes favorables sont les suivantes. Pour l'Atlantique au nord du 7è parallèle : de novembre à mai. Risques de cyclones de juin à octobre. Il n'y a pas de cyclones dans l'Atlantique Sud. Pour le Pacifique Sud et l'océan Indien (zone des tropiques) : d'avril à novembre. Risques de cyclones de décembre à mars. Pour le nord-est du Pacifique : côte de l'Amérique du Nord et Hawai, risques de cyclones de juillet à octobre. Pour le nord-ouest du Pacifique : maximum de risque de typhons en été (juin - novembre) mais existent aussi en hiver. Pour le golfe du Bengale : mauvaises saisons au moment des renverses de mousson (octobre - novembre et avril - juin). Pour Bonne-Espérance et les canaux de Patagonie : l'été austral de décembre à février. Pour la mer Rouge : chances de vents portants sur la moitié sud en février.

    La consultation des Pilot Charts est riche d'enseignements, mais il ne faut pas oublier que ces cartes résultent d'observations statistiques et qu'il existe des anomalies (El Nino par exemple). L'année sabbatique adopte un parcours désormais classique : traversée de l'Atlantique d'est en ouest en novembre - décembre, croisière aux Antilles du sud au nord, retour en mai juin via les Açores. Une autre possibilité attrayante est de passer, à l'aller, par le Sénégal, le Brésil et la Guyane.

Formules de tours du monde

    De plaisantes croisières s'offrent également vers les Grandes Antilles (Cuba), les Bahamas, les Etats-Unis... Les plaisanciers qui ont basé leur voilier aux Antilles pour plusieurs années descendent en mai vers le sud pour éviter la saison des cyclones, inconnus à Trinidad et au Venezuela où se sont installés de bons chantiers et des marinas sûres. Ils échappent ainsi à l'octroi de mer, taxe imposée aux yachts qui séjournent plus de six mois dans les Antilles françaises (une stupidité fiscale qui a également encouragé le développement de chantiers à Saint-Lucie et à Antigua).

    Le tour du monde : le départ des Antilles a lieu vers mars pour un passage du canal de Panama en avril et traversée du Pacifique en mai avec escales aux Galapagos (que les contraintes administratives rendent à la fois coûteuses et frustrantes), Marquises (avec un éventuel crochet auparavant par les Gambiers), Tuamotu, Tahiti, îles Sous-le-Vent. L'autorisation de séjourner en Polynésie sans payer l'octroi de mer est accordée pour six mois renouvelables en fait une fois. II est possible de séjourner plus longtemps en laissant le bateau au sec, non habité, à Raiatea, pendant plus de six mois sur douze (Raiatéa Carénage Services ou Chantier des îles sous le vent).

    Les plaisanciers qui veulent effectuer un tour du monde rapide arrivent à Tahiti pour le " juillet " - la fête du 14 Juillet dure le mois entier ! - repartent de Polynésie française en août, font escale le plus souvent aux Tonga et aux Fidji pour atteindre la Nouvelle-Calédonie où ils hivernent pendant la période des cyclones, à moins qu'ils ne passent la mauvaise saison en Nouvelle-Zélande. Au mois d'avril - mai, la croisière se poursuit vers le Vanuatu avec deux options : le Sud-Est asiatique ou le détroit de Torrès et l'océan Indien. Retour vers l'Europe par Bonne-Espérance ou, le plus souvent, par la mer Rouge. Une autre formule de tour du monde, celle que nous avons adoptée, consiste à effectuer des étapes de trois mois par an en moyenne, de laisser le bateau aux Antilles, en Polynésie, à Nouméa, ou à La Réunion et de revenir par avion travailler pendant le reste de l'année, ce qui présente en outre l'avantage de ne pas créer de rupture avec la famille et les amis.

    Les canaux de Patagonie : il est préférable, si on le peut, de les emprunter du nord vers le sud pour bénéficier du vent et du courant favorables.

    D'autres régions s'offrent à la croisière, notamment le nord-ouest de l'Amérique du Nord les Etats-Unis avec l'Intercostal waterway, le Maine, le Massachusetts... Le monde que baignent les océans est vaste et ses splendeurs infinies.

Naviguez moderne !

    Les découvreurs du monde s'aventuraient vers l'inconnu. Leurs moyens de navigation ne leur permettaient que de se situer, avec approximation, en latitude. En contrepartie, les capitaines et pilotes avaient développé un sens marin que nous avons perdu. Ce n'est qu'au milieu du XVIIIè siècle, avec l'invention du chronomètre, que les marins purent obtenir un point complet. Jusqu'à une époque récente, seule l'observation des astres procurait, au large, la position du navire. Lors de notre premier tour, notre équipement se limitait à un compas, un sextant, un loch, un sondeur et une radio VHF.(Nous vous rapellons qu'il s'agit du texte d'un article et que ce récit ne s'applique pas aux auteurs du site)

    Ce n'est que pour notre second départ que nous avons bénéficié de la prodigieuse facilité procurée par le GPS. Les plaisanciers d'aujourd'hui ont bien de la chance. Nous disposons de cartes précises et détaillées, de l'enseignement des navigateurs qui nous ont précédés, de connaissances météorologiques, d'instruments d'une étonnante précision : GPS, radar, lecteur de cartes météos, sondeur, girouette-anémomètre. Malgré tout, les accidents existent, dus le plus souvent à la négligence. Lors de nos premiers passages aux Tuamotu, nous avons mené une navigation attentive et prudente, avec points d'étoiles, ce qui n'excluait pas les nuits de veille. Nos plus récentes traversées ont été beaucoup plus sereines, sans exclure les précautions qu'exige " l'archipel dangereux ". Malgré le GPS, deux naufrages de yachts au moins se sont produits récemment. Dans l'un des cas, la conduite a été confiée au régulateur d'allure et l'équipage est allé dormir. Le vent a tourné, le bateau s'est retrouvé sur le corail, perdu. Un autre yacht avait été mis à la cape, au large d'un atoll, en attendant le jour, et l'équipage, pourtant nombreux, s'était couché. Le courant avait aspiré le voilier. Là encore, perte totale. (Nous vous rapellons qu'il s'agit du texte d'un article et que ce récit ne s'applique pas aux auteurs du site)

Tempêtes et pirates

    En respectant les périodes favorables, les risques de vrai mauvais temps sont minimes. Le principal danger est la chute à la mer où même les meilleurs, les plus expérimentés peuvent y perdre la vie. La prudence exige de porter un harnais, la nuit, et lors de manoeuvres difficiles, surtout en équipage réduit. Autres dangers : l'abordage (il est impératif de veiller ou d'avoir une alarme sur son radar), l'incendie (maintenir le circuit électrique en bon état, avec disjoncteurs, disposer d'extincteurs en différents points du bateau), la mise à la côte par suite d'une erreur de navigation, d'une prise de risque excessive, du dérapage de l'ancre. Il reste ausi la crainte de la piraterie dans certaines zones. La possession d'armes est fort controversée : il faut les déclarer dans la plupart des escales, où elles seront confisquées pour la durée du séjour ; les cacher, si elles sont trouvées, conduit à de gros ennuis. Enfin, en cas d'attaque par des pirates, sans doute vaut-il mieux sacrifier quelques biens que de risquer sa vie au cours d'une bataille rangée. Une solution consiste à posséder un pistolet lance-fusées, autorisé. Certains modèles peuvent envoyer des balles en caoutchouc, voire de la grenaille (note: il existe aussi des fusées sous-marine pour les requins qui nous parraissent aussi efficaces, tout comme les fusées de sécurité ou les harpons). Dans les régions à hauts risques, une navigation en flotille est adoptée par certains. En mer Caraïbe, un appel de détresse par radio peut suffire à dissuader des agresseurs (mais certains pirates utilisent les appels de detresse pour prendre des proies dans leur filet). En réalité, des milliers de yachts naviguent par le monde et les cas de piraterie sont en définitive plutôt rares. Il n'en va pas de même à terre, en particulier à Balboa et à Panama, ainsi qu'au Brésil, ailleurs encore. La prudence exige d'y respecter d'élémentaires précautions : ne porter ni montre ni bijoux, ne montrer que peu d'argent, en petites coupures, ne jamais circuler seul, ni la nuit. A Balboa, prendre un taxi (bon marché) même pour de courts trajets.

Quel budget prévoir ?

    Les bases financières d'une longue navigation sont éminemment variables selon les capacités de l'équipage et le style de vie auquel il est habitué. Le bateau lui-même suppose des frais : assurance, carénages périodiques, réparations éventuelles, droits de port et taxes, renouvellement du matériel usé, carburant. Ce budget peut être estimé de 20 000 à 30 000 francs par an pour un bateau de 12 mètres en bon état au départ et en assurant soi-même l'essentiel des travaux courants (Note: en fait il est coutume de dire que le budget d'entretien annuel est de 10% de la valeur du bateau, chiffre contestable vu tout ce que l'on peut récupérer dans les poubelles des chantiers et marinas ou dans les puces nautiques. La tendance est à changer ce qui ne marche plus plutôt que de chercher à réparer. Par exemple saviez-vous que nombre de frigo peuvent être "réparé" en les mettant à l'envers pendant quelques nuits pour refaire circuler l'amoniaque?) . Il ne devrait pas être très différent de celui exigé pour ce même voilier restant en France. Les frais d'alimentation sont les mêmes que si l'on restait à terre. Les îles françaises pratiquent des prix supérieurs de 30 % environ à ceux de la métropole mais la vie dans d'autres pays est très bon marché. On économisera frais de chauffage et de vêtements. Les yachtsmen accoutumés à un certain train de vie avec aux escales location de voiture et bons restaurants connaîtront des dépenses fort différentes de celles de plaisanciers plus soucieux d'économies. Il faut savoir que dans nombre de pays (Panama, Galapagos), l'argent français n'est pas accepté (peut-être en ira-t-il différemment de l'euro) ni non plus les cartes de crédit.

    Il est prudent de disposer de plusieurs cartes de crédit (la mienne s'est trouvée démagnétisée, donc inutilisable), de travellers et de dollars américains en petites coupures (5, 10 et 20 dollars). Les professionnels qui possèdent un métier recherché peuvent espérer trouver du travail dans les territoires français d'outre-mer, mais il faut savoir que le chômage y sévit plus encore qu'en métropole. Beaucoup partent en s'étant assuré une source régulière de revenus : retraite, immobilier, commerce ou entreprise mise en gérance... Mais que l'on soit riche ou moins aisé, que l'on dispose d'un yacht luxueux ou d'une unité plus fruste que l'on a construit et que l'on entretient soi-même, sachons que la mer est pour tous aussi belle, les escales aussi fastueuses, et que le vent est gratuit (Note: Oh que oui!!! et l'huile de coude aussi!!).


Pour toutes remarques ou renseignements : debert@netzero.net

Autre site sur la préparation du voyage.

Réalisation/mise en page: Laurent DEBERT
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